Police contre syndicat du crime

Vendredi 5 septembre 2008

KINJI FUKASAKUWild Side

Wild side ressort sa collection des Introuvables, sous un nouveau packaging et avec le concours d'une grande enseigne culturelle qui semble vouloir devenir co-Ă©ditrice de DVD. Des films essentiels pour quelques euros de moins, ça ne se refuse pas... surtout quand se glissent au milieu quelques inĂ©dits ! Tel ce Police contre syndicat du crime signĂ© du maĂ®tre du polar nippon et gros anar de droite Fukasaku, tournĂ© en 76 dans la foulĂ©e du Cimetière de la morale, son chef-d'œuvre. Il ne s'agit aucunement d'un film mineur dans la carrière de Fukasaku, mais plutĂ´t d'un fulgurant condensĂ© de son art et de sa vision du monde. Noirissime, la vision, car Ă  l'inverse de ce que laisse supposer le titre, il n'y a pas ici de bons et de mĂ©chants : flics, politiques et yakuzas y sont tous corrompus et leur «lutte» n'est qu'une question de pouvoir. Il faut attendre 50 minutes pour voir Ă©merger une figure positive, et encore ! La fin nihiliste et sublime vient jeter un doute sur sa probitĂ©... Sur fond de musique funky, Fukasaku fait de chaque scène un laboratoire de mise en scène, utilisant toute la grammaire cinĂ©matographique pour agiter l'Ă©cran. Le rĂ©sultat, stylisĂ© jusque dans son rĂ©alisme, foisonnant de violence et de rebondissements, est traversĂ© par des notations corrosives, tel ce vieux parrain pleurnichard et homo ou ce flic obsĂ©dĂ© par les communistes. Sans oublier l'anti-hĂ©ros du film, ses clopes et ses Ray-ban, icĂ´ne inoubliable et ambiguĂ«, facho par la force des choses mais peut-ĂŞtre plus intègre qu'il n'y paraĂ®t.
CC