Police contre syndicat du crime
KINJI FUKASAKUWild Side
Wild side ressort sa collection des Introuvables, sous un nouveau packaging et avec le concours d'une grande enseigne culturelle qui semble vouloir devenir co-Ă©ditrice de DVD. Des films essentiels pour quelques euros de moins, ça ne se refuse pas... surtout quand se glissent au milieu quelques inĂ©dits ! Tel ce Police contre syndicat du crime signĂ© du maĂ®tre du polar nippon et gros anar de droite Fukasaku, tournĂ© en 76 dans la foulĂ©e du Cimetière de la morale, son chef-d'œuvre. Il ne s'agit aucunement d'un film mineur dans la carrière de Fukasaku, mais plutĂ´t d'un fulgurant condensĂ© de son art et de sa vision du monde. Noirissime, la vision, car Ă l'inverse de ce que laisse supposer le titre, il n'y a pas ici de bons et de mĂ©chants : flics, politiques et yakuzas y sont tous corrompus et leur «lutte» n'est qu'une question de pouvoir. Il faut attendre 50 minutes pour voir Ă©merger une figure positive, et encore ! La fin nihiliste et sublime vient jeter un doute sur sa probitĂ©... Sur fond de musique funky, Fukasaku fait de chaque scène un laboratoire de mise en scène, utilisant toute la grammaire cinĂ©matographique pour agiter l'Ă©cran. Le rĂ©sultat, stylisĂ© jusque dans son rĂ©alisme, foisonnant de violence et de rebondissements, est traversĂ© par des notations corrosives, tel ce vieux parrain pleurnichard et homo ou ce flic obsĂ©dĂ© par les communistes. Sans oublier l'anti-hĂ©ros du film, ses clopes et ses Ray-ban, icĂ´ne inoubliable et ambiguĂ«, facho par la force des choses mais peut-ĂŞtre plus intègre qu'il n'y paraĂ®t.
CC