Gentleman Jim
RAOUL WALSHCollection Fnac
Sans crier gare, la FNAC est donc devenue Ă©ditrice de DVD, avec cette collection comprenant une vingtaine de titres pour la plupart inĂ©dits. Loin de faire les fonds de tiroir, elle a exhumĂ© du catalogue des studios occupĂ©s Ă sortir leurs hits en Blu-Ray des films parfois exceptionnels (Le Ciel peut attendre de Lubitsch, L'Homme Ă la peau de serpent de Lumet, Madame Bovary version Minnelli...). Pas de boni, des jaquettes grises assez moches, un prix modeste (13€) : c'est du hard discount, mĂŞme si les copies sont plus que correctes. S'il ne fallait en choisir qu'un parmi tous, ce serait ce Gentleman Jim, chef-d'œuvre de Raoul Walsh qui donne ses premières lettres de noblesse Ă un genre qui va en connaĂ®tre beaucoup : le film de boxe. James Corbett, fils d'Irlandais pauvres, s'incruste dans la haute sociĂ©tĂ© de San Francisco pour y dĂ©montrer ses talents de cogneur et surtout l'efficacitĂ© de son jeu de jambes ; son itinĂ©raire est Ă l'Ă©cran une merveille de fluiditĂ© narrative, excellemment dialoguĂ©, filmĂ© et incarnĂ© par un Errol Flynn majestueux. La mise en scène des combats est pour l'Ă©poque (1942) particulièrement inventive - il faudra attendre Raging Bull pour voir mieux ! Mais plus durs que les coups donnĂ©s sur le ring, c'est la violence des codes sociaux qui frappe le plus dans le film. Le surnom de Corbett, «Gentleman Jim» est d'abord une provocation envers ce monde guindĂ© qui le rejette, et qu'il devra faire venir jusqu'Ă lui Ă dĂ©faut de pouvoir l'intĂ©grer, jusqu'Ă une avant-dernière scène bouleversante d'humanisme.
CC