«Le film est arrivé au bon moment»
Entretien avec Fernando Meirelles, réalisateur de Blindness.CC

Plus que ce commentaire d'actualité qui le rapproche d'un autre cinéaste «apatride», Paul Greengrass, c'est le postulat philosophique du bouquin qui intéresse Meirelles : «Cette fragilité de la civilisation... Nous sommes civilisés, éduqués, mais un simple accident peut nous faire revenir à nos instincts les plus primitifs.» Une idée qui est à la base de tous les survival movies, et qui pousse à comparer Blindness avec le cinéma de genre. Meirelles reste sceptique sur la question : «Je ne vois pas ce film comme un film de genre, ceux qui ont envie de voir un film de science-fiction seront déçus. Je ne traite pas la maladie, mais ses conséquences et les comportements face à cette épidémie. Les personnages du film sont comme des rats pendant une expérience dans un laboratoire...» Expérimental, Blindness l'est dans sa mise en scène, mais aussi dans la manière dont les acteurs y ont été préparés : «Nous avons créé un atelier pour les figurants avec de vrais aveugles... Ça a tellement bien marché que toute l'équipe a suivi cet atelier, puis les acteurs principaux. Les dix premières minutes, on se déplace comme des zombies, les bras en avant, ensuite les mouvements deviennent plus naturels. Ces exercices ont aussi influencé la mise en scène.» Comme s'il voulait encore se justifier auprès des journalistes, il ajoute : «Ça paraît froid pour certains spectateurs, mais je ne sais pas pourquoi !»