Groupe culte à la discographie impressionnante (un album par an depuis presque une décennie), Deerhoof mérite vraiment de sortir de l'underground dans lequel il est encore trop confiné. Il est vrai que là où un groupe comme Blonde Redhead, avec qui ces Américains partagent plus d'un point commun, a fait quelques malheureuses concessions commerciales ces derniers temps, Deerhoof a su rester fidèle à sa ligne - malgré de fréquents changements de personnel : un rock brut aux accents bruitistes et presque punk, mais toujours obnubilé par les mélodies. Les morceaux sont littéralement enchantés par la voix de lolita de sa chanteuse Japonaise Satomi Matsuzaki. Ce décalage joliment orchestré entre un son plutôt déglingué et cette feinte innocence n'est d'ailleurs pas sans rappeler l'esprit des mangas, aux dessins acidulés et aux thèmes érotiques et violents. Offend Maggie, à l'inverse, cherche l'offense en refusant les compositions linéaires et les schémas simplistes. Le groupe multiplie les distorsions et distille un succulent poison : on ne sait jamais ce qui peut se profiler au détour d'une chanson, rengaine candide (Basket ball get your groove back) ou rêverie bizarre (This is god speaking). Le disque possède ainsi cette qualité précieuse qui manque à beaucoup d'albums actuellement : le sens de la surprise et l'envie ludique de perdre son auditeur. Recommandé. CC