Nique toujours sa mère
Musique / La reformation de NTM, cette semaine en concert à la Halle Tony Garnier, aura fait couler beaucoup d'encre, ravivé la passion des fans et montré que le rap, en France, a acquis une légitimité culturelle tardive et ambiguë.Christophe Chabert

Reformation médiatique. Gros concerts parisiens. Pas de nouveaux morceaux. Le plaisir de faire péter les tubes, nombreux. Grosse tournée dans la foulée. S'y massent plusieurs générations d'auditeurs, fidèles de la première heure, jeunes ayant baigné dans l'exceptionnelle pérennité FM de morceaux indémodables (Ma Benz, au sommet) et convertis tardifs attirés par le phénomène. Par quel prodige NTM, qui faisait frémir et divisait il y a vingt piges, passe maintenant pour les Ferré de la Cité ou les Stones du 9-3 ? Le temps fait son petit office de nostalgie sélective et d'amnésie accommodante, certes, mais le long silence du groupe n'y est pas pour rien. C'est comme dans les westerns : un bon Indien est un Indien mort. Terrassé par le bling bling du rap business et l'égotrip extrême de ses deux membres, NTM a rejoint le cimetière de la morale. Revenus de ce grand nulle part, Kool Shen et JoeyStarr ne font plus peur au système car celui-ci les a abîmés, eux aussi. Une distance fatale s'est créée : le NTM d'aujourd'hui est devenu le NTM d'avant. Ouaip... Il suffit pourtant d'écouter l'album solo de JoeyStarr (chef-d'œuvre, putain de chef-d'œuvre) pour savoir que l'ours est toujours aussi mal léché et ne demande qu'à déchiqueter le con en face de lui. Nous ? Lui ? Vous ? «Si t'as le pedigree, ça se reconnaît au débit».NTM
À la Halle Tony Garnier, jeudi 23 octobre.