Scientiflicks !
À nous de voir, le festival Science et cinéma d'Oullins, propose pour la 22e année un étonnant panorama de questions scientifiques qui traversent la société, illustrées par des films à la qualité revendiquée et aux problématiques souvent pertinentes.Christophe Chabert
Ainsi, l'ambition du festival a toujours été d'établir une pédagogie ouverte et libre autour de sujets qui travaillent le monde scientifique, mais aussi le monde tout court. «On est dans l'actualité, dans ce qui se fait et ce qui se pense en science aujourd'hui. Mais aussi dans l'interrogation de la science par la société civile, et ça peut aller jusqu'à la revendication. On propose aussi ce terrain de débats. Quand on parle des OGM, c'est la société qui pose des questions aux chercheurs, le débat est inversé», commente Pascale Bazin. Mais l'envie de se confronter à des «sujets» n'est pas l'unique manière de fabriquer la complexe architecture du festival, qui comprend une compétition, une nuit du cinéma de science-fiction (voir encadré), un atelier de lecture d'images, une séance consacrée à un cinéaste... «On choisit autant des films qui ont retenu notre attention que des auteurs qu'on a envie de défendre. Il y a des sujets qu'il nous semble a priori pertinent de traiter, mais ça sera complètement lié à la matière filmique que l'on va trouver dessus. S'il n'y en a pas, on abandonne. La question décisive, c'est comment on problématise un film. Comment le film est construit, qu'est-ce qu'il nous raconte, comment il est mis en scène...» En d'autres termes, les critères de sélection d'À nous de voir ne sont pas différents de ceux d'un festival de cinéma classique : qualité de la réalisation, intérêt du propos, pertinence du regard.Ébullition créative
C'est probablement pour cela que, d'années en années, le festival semble gagner en densité et en événements. Ainsi de la venue cette année d'Alain Cavalier pour présenter son film sur Georges de la Tour, ou de la présentation d'un inédit de Werner Herzog, Au-delà de l'infini, «opéra visuel» mélangeant scénario de fiction et images documentaires avec les vrais astronautes de la sonde Galiléo. Par-delà ces noms accrocheurs, les cinéastes ont parfois l'audace de filmer là où ça dérange, démontrant l'ébullition créative du cinéma scientifique : Lune à vendre de Nick Davidson enquête sur les millionnaires qui ont pris George W.Bush au pied de la lettre en transformant la lune en nouvel eldorado du capitalisme. Sexe, amour et internet de David Le Glanic suit à la lettre le programme de son titre en pistant les utilisateurs des sites de rencontres (romantiques ou sexuelles) mais aussi leurs désillusions après emploi - le net bachelor est un consommateur comme un autre ! Enfin, Autopsie d'Adrien Klapisz (en compétition) propose de filmer la réalité de ce qui, d'ordinaire, nourrit plutôt les thrillers et les films d'horreurs (ou La Sentinelle d'Arnaud Desplechin), à savoir le travail des médecins légistes. Impossible de ne pas trouver dans ce foisonnement chaussure à son pied pour le spectateur, sachant que celui-ci est cordialement invité à un festival quasi-intégralement gratuit.