On achève bien les oiseaux
Théâtre / Jacques, écrivain brillant, vit une relation tumultueuse avec Annie, bloc de fureur incontrôlable ravagé par les amphétamines, qui dilapide leur pécule dans le mauvais plaisir de sa dépendance. En dépit de ces circonstances dont le caractère incontrôlable influe nécessairement sur leur style de vie, le couple s'accroche, fait fi des humeurs erratiques de l'une et de la singulière dépendance affective de l'autre. De l'œuvre au finish relativement convenue signée Zach Helm (jeune auteur dont a pu apprécier au cinéma le savoureux postulat de L'incroyable destin d'Harold Crick, avec un superbe Will Ferrell), John Malkovich - grand revenant de cette fin d'année après son incroyable performance dans Burn After Reading - tire une pièce dont la plus grande force d'appréciation se situe dans sa mise en scène et sa direction artistique. En le récompensant lui et son décorateur Pierre-François Limbosch, les Molières ont eu pour une fois le nez creux : sur un canevas dramatique pas aussi mordant qu'il en a l'air (jusque dans ses faibles piques sur le monde de l'édition), les deux maîtres d'œuvre bâtissent une matière théâtrale fortement évocatrice, à coups de stratagèmes scéniques signifiants et pertinents, donnant une hauteur et une causticité inattendues à ce drame. Même Cristiana Reali, consciente du rôle inespéré qui lui est offert, donne tout ce qu'elle a, et fait miraculeusement oublier sa peu probante filmographie.
FCGood canary
Mercredi 17 et jeudi 18 décembre à 20h30
au Théâtre de Grenoble