«J'avais peur du classicisme»

Lundi 5 janvier 2009

Théâtre / Rencontre avec Pascal Mengelle, qui nous parle de Shakespeare, du théâtre classique, d'Antonin Artaud...Propos recueillis par AM

Petit Bulletin : Pourquoi monter le très classique Macbeth à ce stade de votre parcours ?
Pascal Mengelle : Jusqu'à présent, je n'avais jamais monté de pièces de théâtre, j'avais toujours fait des adaptations de textes. Par exemple, je prenais le roman Le Procès de Kafka et j'en faisais un spectacle. Du coup, je m'appropriais beaucoup l'écriture. A la base, je ne suis pas très attiré par le côté classique du théâtre - et là c'est indéniable, avec Macbeth, on est dans un classique avec une mise en scène qui respecte les codes. J'avais donc un peu peur du classicisme...Vous avez vu ça comme un défi ?
Je ne m'étais pas lancé le pari de monter un classique, mais je voulais travailler sur Macbeth, une pièce dont parle Antonin Artaud dans ses projets de mise en scène. Comme je suis profondément nourri de la pensée et de la vibration d'Artaud, j'avais envie de toucher à cette œuvre particulièrement cruelle et magique, deux éléments que l'on retrouve dans le parcours de la compagnie.Avez-vous cherché le côté moderne de Shakespeare ?
Oui, c'est ce qui m'a motivé. J'ai évidemment vu une critique assez forte de l'ambition et de l'avidité humaine, qui conduisent presque à une dynamique suicidaire. A la fin, le dernier meurtre qu'il reste à commettre à Macbeth est le sien, car il est dans une absurdité folle, comme il le dit très joliment dans la pièce : « la vie est un conte dit par un idiot, plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien ». Après, dire que Macbeth est contemporain, c'est enfoncer une porte ouverte car toutes les pièces le sont un peu...Qu'en est-il de vos projets futurs ?
J'avais posé les jalons, en février dernier, d'un projet hybride intitulé Materia Prima, qui s'appuie sur des textes de Clarice Lispector en incluant l'image et la musique, comme beaucoup de spectacles de la compagnie. Je vais donc le mener à bien, avec une danseuse. Puis je vais travailler sur une petite forme, seul, où je lis des textes de théâtre (notamment d'Artaud), avec de la musique. Ce n'est pas vraiment du chant, pas vraiment du slam ; c'est plus un spectacle de poésie sonore.