Oiseau de nuit
Musique / Leila (Arab), musicienne, personnage central de la scène electronica des années 90, a bien failli tout envoyer paître à la mort de ses parents. Après huit années de stand-by émotionnel et musical, elle a repris goût à la vie. Antoine Allegre.

Outre un premier album, Like Weather, sorti en 1998 (sur le label Rephlex créé par Aphex Twin) absolument monumental dans ce style cérébral, elle a collaboré de façon accrue et fructueuse avec l'Islandaise Björk, de façon plus épisodique avec Plaid. Thaumaturge de la matière sonore à l'oreille aiguisée, Leila compose exclusivement à l'ordinateur mais arrive à donner à ses textures synthétiques un grain organique, puis à leur faire raconter une aventure mélancolique. Elle est également un solide renfort lors des tournées de Björk. Un autre héritage, lourd à porter lui aussi ? "Personnellement je m'en fous d'être ci ou çà . Au moins eux [ndlr : Björk et Aphex Twin], ce sont de grands artistes. Je les respecte énormément. Prenez Madonna par exemple : ce qu'elle fait, c'est de la merde. Le pire versant de l'artiste qui base son travail sur la quantité plus que la qualité". Autant dire qu'après son drame, Leila a salutairement pris le temps de se remettre à sa besogne musicale.Personnel, mais pas trop
Durant ces huit dernières années, l'Anglo-iranaise reprend peu à peu goût au travail. "J'ai retâté de la composition, retrouvé l'inspiration, travaillé doucement pour moi et retrouvé la force. Et puis, sans m'en rendre compte, j'avais un album complet, chacune de mes productions étant arrivée par accident. Dans un monde parfait, je ne serais que productrice, pas artiste. Je ne ferais de la musique bizarroïde que pour moi mais bon...". D'un naturel très mélancolique, Leila admet avoir relevé un challenge personnel à la composition : "Ne pas l'être trop". Son troisième album solitaire, Blood, Looms and Blooms (traduction : Sang, Tissage et Floraison) voit le jour en juillet 2008. Et Leila y concasse la pop musique en injectant tour-à -tour voile d'opacité purement electronica, mélodies un peu fluettes mais archi-efficaces et tours de chant signés Martina Topley-Bird, Terry Hall, Seaming To et Roya Arab. Parfaitement inclassable, l'aventure sonore fait voyager son monde au gré de ses humeurs et de ses productions moins barrées et plus spontanées que sur son précédent album Courtesy of Choice. Leila a repris du poil de la bête, vit avec ses démons et compte bien les exorciser sur scène pour "un live électronique très expressif où chaque son aura un rôle, chaque mélodie une histoire. Un live qui a ses humeurs en fonction de l'auditoire. Ce qui est, pour moi, une sacrée source de fun". Leila va mieux, merci.Leila
À la Plateforme, dimanche 22 février
"Blood, looms and blooms" (Warp/Discograph)