Cinéma côté scène
Théâtre / Les Marseillais de Cartoun Sardines donnent voix, sons et corps aux films muets : après Faust, voici une variation autour de Lulu.Nadja Pobel

«Théoriquement le texte de Wedekind et le film de Pabst auraient du être complémentaires mais par miracle les deux éléments ne se mélangent pas. On utilise donc cinq parties sur les huit du film. Il a fallu considérer tout le plateau comme une ère de jeu théâtrale, le film est une matière concrète avec lequel on joue, c'est un soutien. L'écran avance, recule, tourne sur lui-même. Nous jouons avec le faux - le film - et le vrai - nous, comédiens et musiciens. Et parfois les rôles s'inversent». Habillé sur le modèle des personnages du film, il crée une identification et un décalage avec l'image pointant parfois certaines maladresses et créant aussi des situations burlesques. Si le théâtre utilise de plus en plus l'image dans les créations contemporaines, ce sont souvent des vidéos réalisées pour soutenir une mise en scène et un texte. La démarche des Cartoun Sardines n'est pas encore très répandue dans les arts du spectacles. Patrick Ponce reconnaît d'ailleurs bien volontiers que théâtre et cinéma sont très différents voire hermétiques, «certains puristes du cinéma ont du mal à accepter qu'un film soit remanié par d'autres artistes». Pourtant, il aime cette relation intime, affective et émouvante avec des comédiens projetés sur une toile. Comme un bal entre les vivants et les morts.Lulu
Au Théâtre Nouvelle Génération, mardi 24 et mercredi 25 mars.