La douleur à Blanc
Dominique Blanc, comédienne, retrouve avec La Douleur, un texte longtemps oublié par son auteur-même Marguerite Duras, les planches et Patrice Chéreau. Nadja Pobel

Au cinéma, loin de se cantonner à des genres trop attendus, elle tente des expériences chez Wargnier, Malle, Bonello, Deville, Belvaux («La Trilogie, un film mal sorti et pourtant une aventure cinématographique unique») et bien sûr Chéreau. En février, elle fut aux côtés du plus OVNI des duos de cinéastes français : Pierre Trividic et Patrick Mario Bernard, pour leur seconde réalisation après Dancing. C'est d'ailleurs en voyant ce film que Dominique Blanc a eu l'envie de travailler avec eux. Ils écrivent pour elle une adaptation, une «réponse» même dit-elle, de L'Occupation (devenue L'Autre au cinéma) d'Annie Ernaux, une femme qui se veut libre dans son couple mais déraille lorsque son homme prend une maîtresse. «Marguerite Duras comme Annie Ernaux sont des féministes majuscules, dans le sens le plus noble, je me plais énormément en leur compagnie. C'est tout à fait passionnant de travailler avec des gens qui vous élèvent». Passionnant et gratifiant car Dominique Blanc est, avec Isabelle Adjani et Nathalie Baye, l'une des trois actrices à posséder quatre César. Mais c'est surtout cet automne, à la Mostra de Venise, qu'elle a reçu sa plus belle distinction, internationale. Wim Wenders et son jury l'ont estimée meilleure comédienne de la sélection de cette moisson pour L'Autre et la voici qui succède à Cate Blanchett. «C'est une émotion fantastique. Et c'est un succès aussi pour le film, pour le rôle».Une autre Histoire
Alors ? Théâtre ? Cinéma ? «Je viens du théâtre, je suis contente d'y revenir mais j'ai la chance d'être demandée au cinéma. Mon objectif est de continuer à faire les deux tant que je peux, c'est un luxe inouï». Lorsqu'il est question de l'importance de jouer un texte engagé comme La Douleur, qui pallie à l'amnésie ambiante sur l'Histoire récente, Dominique Blanc glisse bien volontiers que le théâtre est un des derniers lieux de résistance intellectuelle, un endroit, presque le seul, où il n'y a pas de pause publicitaire, où il est possible de réfléchir librement sur un texte ou une interprétation. Cela lui semble d'autant plus nécessaire lorsqu'elle constate, cynique, que «la culture se porte de moins en moins bien car on sait bien les méfaits qu'elle produit sur les gens».La douleur
Jeudi 2 avril à 20h, à l'Hexagone (Meylan)