La criée
PORTRAIT / Aldo Fax, c'est pas le crieur d'Épinal avec son tambour et ses annonces municipales, mais sa version spectaculaire. Après dix criées dominicales - L'éveil - et deux semaines de pause digestive, le crieur du marché de l'estacade s'envole avec L'appel d'air. BERNARD DE VIENNE

Coincé entre les étals, provoquant des embouteillages dans un lieu de passage déjà étroit et bondé, il a fallu se tailler une petite place. «Les deux ou trois premières criées c'est un peu difficile, d'empiéter sur le travail des maraîchers. Voir un gugusse qui arrive, crie des choses, attire l'attention... Les personnes qui s'arrêtent peuvent être vues comme des personnes qui n'achètent pas !». À force, les producteurs sont plus accueillants. «Marc, à côté de moi, prend la parole, commente les messages !». Coups de gueule, petites annonces - Zézette cherche un camion aménagé, donne chat, José vend camion (ah ça tombe bien !), aime boulangère du coin de la rue, colocataire sans appart faire offre - et toutes ces sortes de choses. Et des poèmes, ah, les poèmes ! De toute beauté. Pour la déclaration d'amour à la boulangère, Aldo a transporté criée et public dans la boulangerie. «C'est anonyme, je pense que l'auteur était là mais je n'en suis pas persuadé». La boulangère, touchée par la démarche, veut participer à son tour. L'accueil du public est bon : «les gens sont sensibles au cri ! Il y a une libération, ils n'osent peut-être pas crier leur dégoût, leur incompréhension... ils commencent à se servir de l'outil». Maintenant que les boîtes sont rodées, on peut aussi écrire des messages sur place et les faire dire en direct. Plus casse-gueule pour le crieur : «Je ne les ai pas lus avant, il y a une tension quand je les transmets. Je m'autorise une censure mais je n'ai pas eu à le faire». La criée reprend dimanche, inutile, poétique et aérienne. Aldo Fax
Bientôt des boîtes supplémentaires aux Bas-Côtés (rue Chorier) et à Entr'arts