Rachel se marie
Tourné à la manière d'un home movie, le nouveau Jonathan Demme tente un retour aux sources de son cinéma, pop et musical, mais lesté d'un surmoi auteuriste parfois encombrant.Christophe Chabert

Ce grand écart, le film le réalise à travers sa forme en apparence modeste mais assez ambitieuse : enregistrer à la manière des émissions de real TV trois jours de mariage virant au grand déballage familial. L'héroïne n'est pas la Rachel du titre, mais sa sœur Kim (Anne Hathaway), autorisée à quitter sa cure de réhab' pour assister à la cérémonie. Le scénario, habile, de Jenny Lumet (fille de Sidney, ce qui crée un trouble sentiment d'autobiographie) permet de faire entrer dans ce présent pur les drames du passé (la mort de leur petit frère, les blessures narcissiques des deux sœurs), mais aussi l'actualité de l'Amérique, de la guerre en Irak au nouvel espoir pré-Obama. Ce mariage mixte (une juive blanche, un noir musulman) donne ainsi l'occasion de mélanger, assez artificiellement, toutes les races et toutes les cultures. Demme a donc la main progressiste lourde et n'est pas très à l'aise quand il filme du psychodrame. Rachel se marie convainc en revanche quand il s'appuie sur une pure énergie née de sa mise en scène sans fioriture et de l'omniprésence de la musique live. Grand brassage là aussi, du rock au hip-hop en passant par la samba brésilienne, ce concert permanent voit défiler sur l'écran Robyn Hitchcock, Cyro Batista ou Fab Five Freddy. Le casting parallèle d'une œuvre étrange, qui tient beaucoup à la générosité de son metteur en scène, même si, à l'image de l'héroïne, on sent derrière tout cela une envie de reconnaissance un brin égocentrique.Rachel se marie
De Jonathan Demme (ÉU, 1h50) avec Anne Hathaway, Rosemarie DeWitt...