J'irai pogoter sur vos tombes

Lundi 4 mai 2009

Power rock / Bon, a priori, les lascars du groupe Caravage ont tout pour énerver. De belles gueules, les looks idoines, un chanteur à la voix subtilement éraillée (genre "oui, je fume et je t'emmerde") jouant à satiété sur des trémolos rock à même de faire rougir cette vieille baderne de Philippe Manœuvre, une aisance mélodique déconcertante faisant du pied à de larges pans du rock contemporain, une candeur musicale quasi suicidaire... En écoutant leurs enregistrements bidouillés à l'arraché, on croirait à une réinterprétation synthétique des plus grandes émotions pop rock des trente dernières années, jetée en pâture à un public potentiel de midinettes en mal de grands frissons esthétiques, persuadées que le chanteur ne s'adresse forcément qu'à elles. Mais ce serait se fourrer le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Caravage est avant tout un délire musical s'étant cadré avec le temps, une volonté effective de revisiter le paysage pop rock à sa façon tout en prenant un pied monstrueux. Pour jauger l'investissement du groupe à sa juste mesure, il faut le voir sur scène, délivrer des interprétations de plus en plus furibardes et de moins en moins poseuses de leurs tubes (Walk upon the deadline, Where did our love go, Baby suicide), jouer avec une douce ironie de leurs gimmicks rock avant de plonger dans un premier degré artistique tout aussi salvateur. Et là, on se retrouve tout couillon, presque honteux, comme quand on essaie de justifier son amour de Bloc Party aux gardiens du temple rock : oui, c'est too much, ça a déjà été fait, mais putain, qu'est-ce que c'est bon...
FCCaravage / Holophonics / Settled in Motion
Jeudi 7 mai à 20h30, à l'ADAEP