Pur malt

Jeudi 21 mai 2009

Rencontre / Les circuits éditoriaux recèlent parfois de curieux mystères. Alors que John Burnside est unanimement reconnu, en Écosse et dans l'ensemble des pays anglo-saxons, comme un poète majeur, c'est sous l'étiquette de romancier qu'il s'est imposé au lecteur français puisqu'aucun de ses recueils n'est à ce jour traduit. Les quatre romans qui l'ont été révèlent un auteur inclassable, repoussant sans cesse les codes du genre romanesque et explorant toutes sortes d'univers : le thriller psychologique, le drame social, le conte initiatique, l'autofiction familiale... Dès La Maison muette, un huis clos familial glacial à base d' «expérimentation scientifique» et d'infanticide, on découvrait la noirceur, la cruauté et la profondeur d'un auteur qui, sous couvert d'un livre aux frontières du polar psychologique, livrait une puissante réflexion sur la parenté, la manipulation et le pouvoir du langage (et de son absence). Son deuxième roman proposé par les éditions Métailié est sans doute son meilleur. En s'étalant sur près d'un quart de siècle, Une Vie nulle part abordait avec un réalisme saisissant la vie dans les cités minières du Nord de l'Angleterre au milieu des années 70. À travers l'amitié entre deux fils d'immigrés et le périple de l'un deux, c'est à la fois les origines, la famille, le deuil, la culpabilité ou l'identité que John Burnside disséquait. Des questions que l'on retrouve dans le très étrange Les Empreintes du diable, un roman parabole aux allures de fable moderne, et qui sont également au cœur de son dernier livre paru, Un mensonge sur mon père, un ouvrage aux très forts accents autobiographiques que John Burnside évoquera dimanche 31 mai à 18h30, en compagnie de la Française Julie Wolkenstein, du Libanais Elias Khoury et de la Portugaise Lidia Jorge, pour une table ronde intitulée «Écriture et identité : quelle place pour la psychologie ?». YN