Projection, vision, trahison

Jeudi 24 septembre 2009

Photo : T&C Film

Le CAB nous propose une exposition variée et cohérente sur l'ambivalence de la perception. Parmi la dizaine d'œuvres présentées, plusieurs sont à découvrir absolument ; nos préférences aiguiseront peut-être (sans doute ?) votre curiosité... Si la prospection artistique par le média de la vidéo n'est pas nouvelle, il est toujours bon d'en apprécier les fruits : la preuve par deux avec les créations « Kanalvideo » de Peter Fischli & David Weiss et « One way street » de Jonas Dahlberg. Derrière un lourd rideau noir pour l'une, au terme de la visite au bas du dernier escalier pour l'autre, elles ponctuent de leur calme et de leur beauté un parcours décidément riche en surprises. La première captive par sa beauté surnaturelle : ce qui n'est en réalité qu'une canalisation suisse se transforme miraculeusement en longue plongée dans un écrin aux tons tendres et changeants. Entre trous noirs, bleutés cosmiques et éclats de lumières par touches, l'image du sublime surpasse de loin le trivial, narguant à dessein la pauvreté de notre perception naturelle. Hypnotique. La seconde, par son avancée lente, intrigante dans une rue noire au goudron luisant, baignée de la lumière de quelques lampadaires, nous fait imperceptiblement glisser du côté de l'étrange. Lasse et infatigable, elle se déroule comme une phrase sans fin dont l'absence d'aboutissement interroge sur la nature même de la vidéo - matérialisation de la profondeur d'une photographie ? Cheminement artistique sans complaisance et perfection formelle : le propre de l'art.
Laetitia GiryFaux-semblants
Jusqu'au 8 novembre, au CAB