L'homme éléphant
Portrait / Petit focus sur la carrière et l'œuvre d'Adam Eliott, auteur intègre et exigeant d'un cinéma d'animation loin des mastodontes pixélisés hollywoodiens.Jérôme Dittmar

En 2003, Eliott obtient enfin la consécration en décrochant l'Oscar du meilleur court-métrage d'animation avec Harvey Krumpet, dans lequel il prolonge ses obsessions en racontant la vie d'un immigré polonais atteint du syndrome de Tourette. La maladie mentale et comment vivre avec sera l'un de ses thèmes principaux. Lorsqu'on lui demande d'où viennent ses influences, Eliott préfère ainsi parler du dessinateur Michael Leunig et surtout de la photographe Diane Arbus. Parce que «ses personnages vous regardent droit dans les yeux en provoquant une profonde empathie». Celle dont les dernières images étaient consacrées à des handicapés mentaux partage effectivement des points communs avec le cinéaste : vision traumatique de la condition humaine, intérêt pour les classes moyennes, composition du cadre. Mais la clé de son œuvre vient peut-être d'ailleurs, lorsqu'il finit par nous avouer son admiration pour Elephant Man : «le film a eu un tel impact sur ma vie, il y a tellement d'humanité dedans». On comprend alors mieux cette tendresse sincère et teintée d'innocence pour les marginalisés et les losers, avec lesquels Eliott s'amuse (mais jamais à leur dépend). C'est sa manière de faire, comme il dit, «des films sur tout le monde».