Ancien et Moderne
Musique / On s'est beaucoup mépris sur Christophe, étiqueté ex-chanteur à minettes à voix déplumée tourné casaque électro-pop. Certes il avait crié «Aline» et ça vous catalogue un homme, certes son va-et-vient permanent entre beau saugrenu et bizarre surfait peut laisser pantois. Mais Christophe, inimitable en bien comme en moins bien, s'explique avec ce vers de Succès Fou en 1983 : «C'est mon style, différent de tous les autres». Sous-entendu : faire avec. Interrogé au réveil, vers 18 h, timing d'éternel noctambule, il confirme qu'il s'agit moins de faire l'intéressant que «de sentir sa différence, être soi-même. Ne surtout pas s'en écarter». Qui d'autre, cet été, pouvait faire de Versailles, offert sur un plateau pour un concert exceptionnel, un palais de l'excès pour marquis un peu poseur ? «Une expérience rare, il y a eu une très belle cadence», dira-t-il. Celle qui anime des shows qu'il veut classieux, où il transpose le verbe opaque et la grammaire électro de ses derniers disques tout en jonglant avec les vieux tubes tant rabâchés, non sans délectation et non sans logique : «Aimer ce que nous sommes n'est pas un album très populaire, il faut donc donner aux gens une heure de musique qu'ils sont très peu à connaître mais aussi les succès qu'ils aiment. On passe d'un truc à un autre, donnant donnant. Il faut proposer au public ce qu'on aime mais il faut qu'il vous aime à travers ce que vous êtes». Une manière d' «aimer ce que nous sommes» donc, mais aussi, dans le cas de Christophe, ce que nous fûmes : «ces vieux morceaux sont habités par des souvenirs, des musiciens, les recréer sur scène, c'est les faire renaître». Et la renaissance, Christophe, ça le connaît.
ChristopheÀ La Bourse du Travail, jeudi 8 octobre.