La Grande vie
D'Emmanuel Salinger (Fr, 1h25) avec Laurent Capelluto, Michel Boujenah...
Les intentions de cette comédie, la première du comédien Emmanuel Salinger, qu'on avait tant aimé dans La Sentinelle, sont louables. D'ailleurs, il y a une certaine virtuosité scénaristique dans l'enchaînement des situations qui montrent comment un prof de philo stéphanois engagé politiquement se retrouve dans l'ombre d'une star des médias en pleine crise, jusqu'à se laisser tenter par une clinquante vie parisienne. Tout le problème de La Grande vie tient au manque de crédibilité de son contexte, qui nuit gravement à sa santé comique : il faut lever les couches d'allusions pour parvenir à voir à quelle réalité Salinger fait allusion. Ardisson derrière Boujenah, Bolloré derrière Le Coq, Nicolas Fargues derrière l'auteur bellâtre et creux et, globalement, le sarkozysme triomphant derrière cette fable morale. Ce temps de réaction, une scène (la meilleure) la résume parfaitement : quand le prof (Capelluto, très bien) se met à danser devant une caméra qui renvoie sur un écran son image avec cinq secondes de décalage. Comme lui, le film a une longueur d'avance sur son reflet pour le spectateur, qui le regarde à son tour avec un peu d'embarras. CC