Ichi the Killer
Déjà pas vraiment habitué à ménager son public, Takashi Miike signe avec cette adaptation de manga son œuvre la plus extrême, mais aussi, sans nul doute, la plus aboutie. Âmes sensibles, fuyez à toutes jambes. FC

L'intrigue, nébuleuse à souhait, se centralise surtout sur l'opposition tant physique que psychologique entre les deux personnages principaux. D'un côté Kakihara, homme de main ultra-violent, sadique à plein temps et masochiste à ses heures perdues, et de l'autre Ichi, machine à tuer ultrasensible et totalement déréglée sexuellement. Et Miike de suivre leurs parcours respectifs, tout aussi chaotiques et choquants l'un que l'autre, de triturer les recoins les plus sombres de leurs êtres, jusqu'à leur confrontation finale, sommet de poésie macabre où le réalisateur déploie une atmosphère sensorielle envoûtante. Si Takashi Miike demeure plus que jamais ce sale gosse trop heureux de défricher les terrains cinématographiques interdits - en particulier ici dans sa volonté constante de rapprocher les pulsions de sexe et de violence, avec une complaisance assumée -, il nous surprend par sa capacité à insuffler une âme à cette narration apparemment guidée par la seule surenchère dans le dérangeant et le grotesque. Fortement représentatif du style Miike, Ichi the Killer possède néanmoins plus de tenue visuelle et narrative que l'ensemble de ses films, et c'est peu dire qu'il marque beaucoup plus l'esprit de son infortuné spectateur...Ichi the Killer
De Takashi Miike (Japon, 2h09) avec Tadanobu Asano, Nao Omori...
Lundi 9 novembre à 20h, à EVE. Présenté par les Cinéphiles Anonymes