Porter la voix
La programmation de la 21e édition des 38e Rugissants est une Tour de Babel bâtie sur le socle du langage commun de tous les artistes invités : la musique (oui, la musique).François Cau

Mais attention, ces confrontations d'esthétiques ne sont pas de simples superpositions de cultures, l'une attendant poliment que l'autre ait joué sa partition avant de s'exprimer à son tour. Non, nous avons affaire à des entreprises d'émulation en série, d'échanges dialogués où la pratique musicale se fait le vecteur de partage entre les artistes. Lesquels ne s'arrêtent pas en si bon chemin, mais, dans le plus pur esprit des 38e Rugissants, questionnent leur art pour le faire avancer dans des directions inattendues. Cette démarche trouve un écho particulièrement vibrant dans l'appréhension par le festival d'une discipline dont l'engouement récent a quasiment eu raison de ses présupposés de départ : le slam. De son énergique naissance urbaine à sa récupération tous azimuts par la moindre collectivité territoriale, l'on se disait que ce genre avait grand besoin d'une remise à plat, ou tout du moins d'être secoué sur ses bases... Ce sera chose faite lors de trois événements atypiques : la création A quel Dieu parles-tu ? verra les mots puissants du dramaturge Valère Novarina décortiqués par les très doués Dgiz et Capitaine Slam ; l'impatiemment attendue soirée Grand Slam exposera la largesse du spectre sonore de la discipline tout en l'ouvrant à des jeux de langue du meilleur goût (Dgiz s'y frottera aux sonorités électro, on pourra entendre un extrait d'un opéra dédié à Georges Perec, des variations autour de Györgi Ligeti, Steve Reich ou John Adams, sans oublier les indispensables locaux de l'étape Bastien Mots Paumés et Didier Malherbe) ; enfin, Benat Achiary et Serge Pey se chargeront de nous faire entrer en transe poétique en livrant leur propre interprétation du genre. Perdre ses mots
Cantonner les 38e Rugissants à la seule recherche musicale serait un dramatique écueil, tant chaque édition dispense son lot de claques scéniques assénées avec une terrassante vigueur. Cette année, on sera particulièrement attentif à deux spectacles à même de nous faire rosir les joues. Tout d'abord Le Concile d'amour, œuvre maudite, blasphématoire et logistiquement cauchemardesque d'Oscar Panizza, voyant le Diable appliquer la punition divine aux hommes infatués, qui sera mise en scène par Jean-Pierre Larroche, scénographe de haute volée qui nous promet un opéra pour voix, instruments, marionnettes et machineries. Enfin, il est beaucoup espéré de L'ÃŽle solaire, déclinaison scénique de Vendredi ou les limbes du Pacifique par Samuel Sighicelli, dont on avait énormément apprécié le spectacle Marée noire précédemment présenté aux 38e Rugissants.Les 38e Rugissants
Jusqu'au 28 novembre, lieux divers