Ondes de choc
Danse / Chorégraphe des émotions à fleur de peau et du dépassement des limites du corps, Lia Rodrigues présente à Lyon sa récente création 'Pororoca'. Une expérience physique aussi singulière qu'intense.Jean-Emmanuel Denave

Pororoca, pièce sans décor ni musique (seuls la respiration et les halètements des interprètes rythment la pièce), est né d'un «chantier poétique» insufflé par Lia Rodriguès en 2008. La chorégraphe brésilienne qui a fondé sa propre compagnie en 1990 travaille depuis 2005 dans différentes favelas de Rio. Elle se défend cependant d'être «la chorégraphe des favelas» et en effet, si son travail se ressent d'une certaine urgence et difficulté socio-politique, il n'en reste pas moins essentiellement une exploration du corps et de ses possibilités. «Nous travaillons beaucoup à partir d'improvisations sur le fait d'être ensemble dans un même espace... Notre question c'est comment les actes d'un individu peuvent avoir des conséquences au sein du groupe», déclare-t-elle. Plutôt que de rechercher des symboles ou du sens prédéfini, Lia Rodriguès nous invite à partager l'expérience intense et physique d'un «entre-deux» : entre deux corps, entre l'individu et le collectif, entre deux émotions ou deux états des corps... Il s'agit donc de se laisser glisser parmi cette masse grouillante et débridée, qui se dilate et se rétracte, qui se meut ou s'immobilise brusquement, et qui donne à voir, en son sein, une variation quasi infinie d'expressions et d'affects. Pêle-mêle : de la sensualité et de la violence sadique, des combats et des coïts, de folles fureurs et des enlacements... Le collectif n'existe ici qu'au bord de l'abîme, en lutte contre lui-même, en dérives incessantes, en basculements vers d'autres formes (animales, abstraites, enfantines...). Pendant une heure, nous partageons l'existence inouïe d'un bateau ivre, d'une communauté écorchée vive, d'un grouillement d'émotions à la fois tellement incertain et tellement humain.Lia Rodrigues, 'Pororoca'
Au Toboggan à Décines (avec la Maison de la Danse), mardi 1er et mercredi 2 décembre.