Dompteur d'orchestre
Classique / Lorin Maazel dirige à l'Auditorium de Lyon. Pour comprendre l'importance de l'événement il nous faut le transposer : c'est un peu comme si Ignace de Loyola revenait chez les théologiens, comme si Lacan à nouveau s'invitait chez les analyses, à un détail près : Maazel est un mythe bien vivant. Des chefs de ce calibre, ces grands fauves qui dirigent les orchestres les plus prestigieux du monde se comptent sur les doigts d'une main. Parmi eux, Seiji Ozawa, Daniel Barenboim, Claudio Abbado, Eliahu Inbal et... Lorin Maazel. Comment parler de lui sans aucun superlatif ? Comment faire pour décrire avec exactitude une carrière internationale d'une telle densité ? Enfin comment ne pas être ébloui par un engagement musical de plus de cinquante années ponctuées par des interprétations inoubliables ? Pas une salle de concert au monde n'a échappé à sa direction. Le son qu'il extirpe d'un orchestre est reconnaissable entre mille : rondeur des cordes, brillance feutrée des cuivres, phrasés sans emphase des bois, le tout dans une homogénéité redoutable. Un son comme les oreilles n'ont plus d'habitude, une sorte de pâte sonore venue d'ailleurs. Quant à sa gestique, toute en économie de moyens, elle oblige les instrumentistes à une présence sans faille. À L'Auditorium, Lorin Maazel ne vient pas seul, il emporte avec lui ce qu'il a de plus précieux : l'Orchestre philharmonique de Vienne, son outil de travail, son bijou qu'il a dirigé régulièrement de 1982 à 1987. Il vient aussi avec la "3e symphonie" de Bruckner et le fameux "Sacre du printemps" de Stravinsky.Orchestre philharmonique de Vienne, direction : Lorin MaazelÀ l'Auditorium de Lyon, mercredi 17 février.