Remplacer l'objet
L'hommage rendu à Otto Freundlich par le Musée Géo-Charles possède les moyens de ses ambitions. Les nombreuses toiles exposées ont la grâce enchanteresse des chefs-d'oeuvre, avec en plus le charme de rendre visible une page d'histoire.Laetitia Giry

« Le domaine des couleurs recèle à lui seul une inépuisable recherche de possibilités. Elles ne déploient leur être qu'une fois posées dans la bidimensionnalité de la surface ». La fascination manifeste d'Otto Freundlich pour la couleur ne va pas sans la jouissance de la formation du tableau, la vénération de la toile comme ouverture du champ des possibles. « Le mystère du mouvement, le mystère de l'espace est caché dans la couleur », et se révèle par l'entremise du travail des formes, dans leur harmonieux agencement. Ses « Rosaces » hypnotiques captivent par le paradoxe qu'elles incarnent : brutes et douces, généreuses et parfois glaciales. De ses gravures noires à l'élégance étourdissante, comme de ses imposants tableaux colorés émanent invariablement une harmonie logique, un chaos intégré dans un monde construit, élaboré sur un mode scientifique. Car ses œuvres ne sont pas seulement le fruit d'un œil de génie, mais également celui de réflexions poussées sur l'objet-peinture. Quand Richter (vu l'an passé au Musée de Grenoble) affirme, non sans une ironique désinvolture, que « la figure non-figurative est plus simple, [qu'] il suffit de coucher la couleur sur un bout de papier », il touche au cœur du problème : l'entreprise a l'air aisée, la spontanéité parfaite. Le même de préciser « Apparemment en toute liberté. ». Apparemment. L'œuvre de Freundlich en est une démonstration des plus dignes.Hommage à Otto Freundlich
Jusqu'au 30 mai, au Musée Géo-Charles