Un peu, beaucoup, passionnément
Le 102 nous propose de découvrir une œuvre originale de l'artiste autrichien Gustav Deutsch. Pure déclaration d'amour au cinéma, à ses techniques, ses débuts et aux infinis possibilités que ceux-ci auguraient.Laetitia Giry

Les toutes premières images (1.1) fonctionnent comme une parabole : un profil de squelette restitué par le filtre d'un scanner déclare avec morgue : « de nos jours, les films sont tournés en 24 images par seconde. C'est une amélioration considérable pour la science. » Le cadrage de la bouche au cou suggère le désir de transpercer le langage, dans une recherche par auscultation de l'origine du geste et du mot. Le fait énoncé a la valeur symbolique de dire l'essentiel technique duquel part le réalisateur pour mieux s'en échapper. Dans la composition en chapitres est insufflée ponctuellement du sens à la construction : aux racines, « Mouvement et temps » matérialisent la nouveauté à saisir, s'étirant sur la pellicule d'une manière qui rend sensible cette magie première dont le cinéma est maître, replongeant les blasés que nous sommes dans une candeur, un état d'émerveillement oublié. Ici, les pulsations d'un chanteur d'opéra reliées à son chant et au piano pour des mesures scientifiques ; là , l'extraction d'un globe oculaire qui dégoûte dans ce quelque chose de cru et de direct auquel on est peu habitués malgré la violence générale des images d'aujourd'hui. La deuxième partie fait la part belle à l'onirisme et à l'imaginaire dans les expérimentations des pionniers : disparitions, créatures improbables, etc. La matière s'échappe dans la lumière, (re)prenant doucement la mesure du potentiel magique du cinéma : toujours un plaisir.Film ist (1-6)
Jeudi 4 mars à 20h30, au 102Film ist (7-12)
Vendredi 5 mars à 20h30, au 102