Les Chèvres du Pentagone
La première réalisation de Grant Heslov s'acquitte avec les honneurs d'un pari audacieux : créer une extrapolation fictionnelle autour des enquêtes hallucinantes de Jon Ronson, dans une farce que n'auraient pas reniée les frères Coen.François Cau

Traverser les murs, disperser les nuages par la pensée, devenir invisible, voyager avec l'esprit, ou encore arrêter le cœur d'une chèvre en la fixant : tels sont les jeux de ces grands gamins en uniformes, dont le film nous retrace l'improbable périple, preuve parmi tant d'autres du grand chaos logistique que fut la Guerre Froide. La narration valse entre les tribulations d'un journaliste (Ewan McGregor) et d'un soldat "jedi" (George Clooney, la classe moustachue personnifiée), et la genèse de "l'Armée de la Nouvelle Terre". Au risque de perdre les spectateurs les plus circonspects dans un film abusant de la digression saugrenue pour mieux coller à la folie de son sujet... Mais c'est aussi grâce à cette construction volontairement déséquilibrée que Les Chèvres du Pentagone réussit une gageure dont les frères Coen se sont faits la douce spécialité : rationnaliser l'irrécupérable absurdité humaine à l'aide d'une grande rigueur formelle, où la plus grosse idiotie se doit toujours d'être proférée avec un sérieux papal... Un ton que Grant Heslov parvient à maîtriser jusqu'au bout du générique de fin, à la grâce d'une hilarante mise en garde. Les Chèvres du Pentagone
De Grant Heslov (EU, 1h30) avec Ewan McGregor, George Clooney...