Le grand dédale littéraire
Avec son thème joliment piégé (Aventures Humaines), la nouvelle édition du Printemps du Livre offre une nouvelle fois un aperçu éclectique de la création littéraire contemporaine. François Cau

Entre son chapiteau du Jardin de Ville, la salle Juliet Berto et tous ses autres lieux de ralliement, la manifestation tire bien évidemment son impact des diverses rencontres avec les auteurs invités pour l'occasion. Outre l'accueil de notre gros coup de cœur de 2009 (Steve Toltz et son génial Une partie du tout, voir ci-contre), Le Printemps du Livre profite de la polysémie de l'expression Aventures Humaines pour explorer de nombreux champs. Sous un angle introspectif, la talentueuse Noëlle Revaz (Efina) et la sulfureuse Emmanuelle Pagano (L'Absence d'oiseaux d'eau) disloquent la parole amoureuse au gré de partis pris audacieux. L'enfant du rock Théo Akola (Le Sang des âmes) et le collectif Wu Ming (Manituana, voir ci-contre itou) offrent des relectures de l'Histoire pour mieux comprendre notre présent. Jean-Philippe Jaworski (Gagner la guerre) et Stéphane Beauverger (Le Déchronologue) saisissent à bras-le-corps l'heroïc-fantasy et la science-fiction pour démontrer que non, il n'y a pas de mauvais "genres", pour peu que les auteurs soient investis de leurs sujets. Tous les écrivains jeunesse ayant répondu présents réfutent dans leurs écrits l'infantilisation d'un jeune public lassé qu'on le prenne pour un crétin. Jusque dans la catégorie locale "impérative", la littérature dite de montagne, l'équipe du Printemps a su débusquer des auteurs suffisamment passionnés (les exaltés et exaltants Yves Ballu et Jean-Michel Asselin) pour ne pas faire baisser l'intérêt du public, très loin s'en faut. Lire pour exister (et pour d'autres choses)
Le caractère salutaire du Printemps du Livre réside ainsi dans sa propension à faire parler de notre monde sous une multiplicité d'angles. A demeurer connecté avec ses problématiques prégnantes, à regarder ses chaos debout sans détourner les yeux (on vous conseille à cet égard d'aller honorer d'une visite les deux expositions autour de l'ouvrage Kingsley, carnet de route d'un immigrant clandestin), tout en dispensant de grands plaisirs artistiques, brûlants d'être partagés. Et à franchir le cap de ce qui est désormais devenu une vraie aventure humaine : éteindre tous ses écrans, son téléphone, se mettre le fond sonore de son choix, se caler confortablement sous une petite lumière, et faire défiler les pages à son rythme. Sans impératif de temps, sans autre obligation que celle de se plonger dans un récit où tout ne nous est pas prémâché, où notre imagination est enfin libre d'être stimulée à sa juste mesure. Car comme le disait cet admirable vicelard de Victor Hugo, l'imagination, c'est l'intelligence en érection ; et pour prolonger cette hardie métaphore, vous conviendrez que l'époque bande furieusement mou. Vous savez ce qu'il vous reste à faire... Le printemps du livre
Du 17 au 21 mars, lieux divers