Manhattan
Quintessence de la touche Woody Allen, cette comédie de mœurs indémodable mixe tous ses éléments de prédilection avec une magie qui lui fait désormais défaut... FC

Et bien, spectateurs de peu de foi, le mieux est encore de se laisser piéger par la petite musique de Woody. Dès son ouverture magnifique, où le noir et blanc s'impose au gré d'un texte hilarant lu en voix-off par l'auteur sur le son de la Rhapsody in Blue de George Gershwin. Isaac / Woody y définit, avec son style inimitable, ce qui deviendra la ligne directrice du personnage principal, un vaste chaos debout, forcé de composer avec les pulsations fluctuantes du cœur de sa cité, dans un premier temps décrite comme profondément interlope par le vieux con qu'il essaie de ne pas devenir, puis fascinante après un coup de ratures figuré. Avec une délicieuse subtilité, il laisse sa mise en scène se faire contaminer par la beauté fantasmatique de sa ville de prédilection, écumant ses lieux emblématiques (le MOMA, le pont du Queens, le Planétarium, Central Park) dans des séquences mélancoliques à souhait. Je vous vois venir : non, on n'est pas dans la carte postale, mais au cœur de la psyché d'un éternel gamin qui se donne des airs infatués tout en redécouvrant le monde qui l'entoure pour la première fois, à la grâce de son attachante mauvaise humeur. C'était il y a trente ans, avant que le ton ne vire à l'aigreur, que la caméra s'attarde davantage sur les courbes de ses actrices que sur leur caractère. Allez donc en profiter... Manhattan
De et avec Woody Allen (1979, EU, 1h36) avec Diane Keaton, Michael Murphy...
Vendredi 2 avril à 20h, salle Juliet Berto, dans le cadre de la programmation de la Cinémathèque