Oublie... l'été dernier

Jeudi 1 avril 2010

Théâtre / Prenez un dramaturge exceptionnel, une pièce magnifique et complexe aux multiples lectures. Choisissez ensuite de mettre en scène vos comédiens dans un décor d'une pauvreté et d'une laideur saisissante et de poser un écran géant inutile sur scène. Ajoutez enfin une interprétation tellement datée qu'elle frôle le surréaliste. Vous obtiendrez ainsi un massacre en règle signé René Loyon. Avec Soudain l'été dernier, Tennessee Williams proposait une œuvre à la frontière des genres : enquête sur la mort mystérieuse d'un homme, (Sebastian Venable, le fils d'une riche veuve disparaît et sa mère n'accepte pas la version donnée par le seul témoin de la scène) et drame psychologique. L'auteur y interrogeait Dieu, la folie, le racisme, les relations incestueuses d'une mère et d'un fils, l'homosexualité, la passion dévorante et cannibale, dans le décor d'une Amérique des années 30-40. René Loyon choisit, lui, de ne situer cette histoire nulle part, peut-être pour la rendre universelle, certainement sans y parvenir. La violence du texte reste lettre morte, confiée à des comédiens en pleine dérive (Agathe Alexis dans une version parodique de Violet Venable et Igor Mendjisky, aussi crédible qu'un acteur AB production dans le rôle du Docteur Cukrowicz). Même Marie Delmarès dans le rôle de Catherine Holly, bien au-dessus du niveau général, ne parvient pas à éviter le naufrage. Dorotée AznarSoudain l'été dernier
Au Théâtre Les Célestins jusqu'au jeudi 8 avril.