Green zone
En construisant un thriller d'action autour de la supercherie des armes de destruction massive irakiennes, Paul Greengrass orchestre brillamment la fusion entre ses œuvres politiques et la série des Jason Bourne.Christophe Chabert

On retrouve ici le talent de Greengrass pour rendre aussi spectaculaire une conférence de presse qu'une vaste opération militaire dans les ruines de Bagdad, sa mise en scène privilégiant l'événement pur à la distance réflexive. Green zone garde ainsi la tête rivée au présent de l'action, ce qui rend palpitante une intrigue dont on connaît peu ou prou les tenants et les aboutissants. L'immersion est telle que le spectateur n'a pas d'autre choix que de suivre le parcours du héros, du terrain à la «zone verte» du titre - un bout de Floride reconstitué en plein cœur de Bagdad - puis dans les décombres d'un pays que Greengrass filme comme un enfer abstrait. La grande idée du film, c'est que ce héros n'a pas plus de passé que Jason Bourne ; de sa vie d'avant la guerre, on ne saura rien, et le film s'arrête sèchement sa «mission» accomplie, sans plus de discours ou de glorification. Un homme d'action dans un film d'action ; mais pas seulement... Green zone glisse insensiblement vers l'abstraction, multiplie les points de vue (dont celui, récurrent, des caméras à infra-rouge qui sont l'instrument du pouvoir plus que de la sécurité) avant de revenir dans un final grandiose à un affrontement titanesque, où l'iconisation des personnages est digne d'un McTiernan. Blockbuster ou film politique, peu importe : Green zone envoie du lourd.Green zone
De Paul Greengrass (ÉU, 1h55) avec Matt Damon, Amy Ryan...