Bad Lords

Vendredi 30 avril 2010

Musique / On l'a maintes fois mentionné, y compris dans ces pages : Altamont, décembre 1969. Les Stones donnent un concert gratuit sur un speedway californien. Une sorte de réponse à Woodstock où ils n'étaient pas. Les fans aux cheveux longs quittent leurs maisons bleues accrochées à la colline et viennent à pied et surtout beaucoup plus nombreux que prévu. La foule devient assez vite incontrôlable et pour couronner le tout, le service d'ordre est assuré par des Hell's Angels que les Stones, dans un excès de pingrerie, ont eu l'idée de génie de rémunérer en binouzes. Les ingrédients du drame étant réunis devant des Stones terrorisés, un Angel finit par poignarder un jeune nommé Meredith Hunter qui aurait dégainé un flingue. On tient généralement cet événement comme la fin tragique du rêve hippie, suspect d'avoir un peu trop étalé sa sympathie pour le diable. Et c'est tout cela que raconte en filigrane la musique des Lords of Altamont, à la fois hippie dans leur psychédélisme, motards cloutés de violence punk alcoolisée, et Stoniens dans cette capacité à trousser des tubes rock qui appellent un déhanchement d'avant la baston. Un morceau des Lords of Altamont c'est un orgue gospel martyrisé par un enfant du démon, une rythmique lourde et inexorable comme l'Armageddon et une envie irrépressible d'accommoder tout cela dans l'urgence la plus absolue. Une espèce de messe noire jubilatoire, légèrement pastichée, qui donne envie d'enfourcher sa moto comme Nicolas Cage dans "Ghost Rider" : à fond la caisse, comme un démon, bardé de chaines et la tête en flammes. Stéphane DuchêneThe Lords of Altamont
Au Clacson (Oullins), jeudi 6 mai.