Âmes en stock
Une comédie existentialiste flirtant avec la SF et la littérature russe, tout en restant cohérente, humble et jubilatoire ? C'est le petit miracle accompli par la première réalisation de Sophie Barthes.François Cau

C'est l'occasion de régler nos comptes avec le fumiste auteur d'Adaptation et de Synecdoche New York. Soyons fous : le talent qu'on a pu voir chez Kaufman (bien éventé depuis ses débuts) se retrouve plus largement, généreusement et humblement chez Sophie Barthes. Ici, point d'autoportrait geignard et complaisant du créateur sur le thème "oh my God, que le génie est donc pesant et douloureux", mais une réflexion existentialiste de très haute tenue, un subtil hommage à l'œuvre d'Anton Tchekhov, reposant pour grande partie sur l'évolution narrative passionnante de son très bon point de départ. Pour surréaliste qu'elle soit, l'intrigue ne laisse jamais ses personnages de côté au nom d'intérêts auteuristes soi-disant supérieurs ; le soin apporté à la réalisation et à la direction artistique nous maintient dans une atmosphère ouatée, onirique, où l'on ne sait si la scène va nous faire rire ou nous émouvoir. Cette propension à balader le spectateur - sans le prendre pour un imbécile -fait non seulement de Sophie Barthes une auteur à suivre, mais aussi à célébrer derechef ! Âmes en stock
De Sophie Barthes (EU, 1h41) avec Paul Giamatti, Dina Korzun...