My name is Khan
En dépit de sa tentative de démonstration que le cinéma indien ne se cantonne pas aux gros mélos sentimentaux gorgés de chorégraphies impromptues, l'histoire autour du film de Karan Johar se révèle malheureusement plus intéressante que l'œuvre elle-même... François Cau

L'ambition majeure de My name is Khan est de plaider en faveur des citoyens musulmans dans l'Amérique post 11 septembre - quand on sait que le cinéma populaire indien représente quasi systématiquement les personnages de cette confession sous les traits de terroristes hargneux, on peut déjà apprécier l'effort ! Pour appuyer le trait, toute l'action est observée du point de vue de Rizvan Khan, atteint du Syndrome d'Asperger, dont l'innocence indécrottable parviendra à soulever des montagnes. Après la mort du fils de sa compagne des suites d'un tir de ballon de foot haineux (sic), Rizvan se met en tête de rencontrer le Président des Etats-Unis et de lui répéter ce qui deviendra le leitmotiv du film, «My name is Khan, and I'm not a terrorist». Au cours de son périple, notre Forrest Gump indien sera malmené par les hommes de main de Bush, ira sauver les victimes de Katrina, finira par serrer la pince d'Obama. Même s'il en déplace les enjeux, My name is Khan tire avec une spectaculaire insistance sur la corde du mélodrame - la contre-performance de Shah Rukh Khan n'arrange vraiment rien -, finit même par travestir son discours sur la tolérance en lui soustrayant une visée effroyablement manichéenne : dans la vie, il y a surtout des gentils et des méchants. My name is Khan : un pas en avant pour l'industrie indienne, trois pas en arrière pour la reconnaissance internationale de Bollywood... My name is Khan
De Karan Johar (Inde, 2h40) avec Shah Rukh Khan, Kajol Devgan...