L'insoutenable légèreté de Air
Électro / Dans ce monde rock'n'roll où il faut toujours aller plus vite, frapper plus fort, il peut faire bon retrouver Air, le temps d'une pause en apesanteur... Comme pour ce troisième concert qu'ils s'apprêtent à donner au Transbordeur.Stéphanie Lopez

Résultat : Air sur scène ne donne pas trop dans l'échange, ni dans la déconne. Comme un ultime rempart pour se protéger du public, le duo se retranche en tournée derrière un arsenal de claviers, Rhodes, vieux Moog et autres volumineux synthés, sur lesquels rien n'est programmé à l'avance. Chaque son, chaque note est donc jouée live, contraignant les deux Space Maker à rester vissés derrière leurs machines. Il en ressort des lives authentiques, certes, mais limite autistes, et forcément statiques. Pourtant derrière leur image souvent lisse et proprette de dandys esthètes, les deux Sexy Boys sont bien moins mièvres qu'ils en ont l'Air. Il suffit de gratter sous le vernis pour entendre sur "Love 2", leur dernier album, des trésors de trouble, de vice et de noirceur. «Je revendique un côté sale, malsain», nous disait Dunckel à l'époque de "Talkie Walkie". Aujourd'hui, la même voix androgyne qui chantait "Lucky & Unhappy" raconte sur "Missing The Light Of The Day" l'histoire d'une dégringolade, la déchéance du clubber qui ne voit plus le jour. Et d'ajouter : «C'est un danger qui nous guette». AIR, acronyme d'Amour, Imagination et Rêve, serait-il aussi victime de l'insoutenable légèreté de l'être ?AIR
Au Transbordeur, dimanche 13 juin.