Vers déformants
C'est l'une des têtes d'affiche de la clinquante nouvelle édition de Jazz à Vienne : Elvis Costello vient avec son groupe (les Sugarcanes), sa compagne (Diana Krall), ses éternelles et néanmoins énormes lunettes, et surtout avec son génial répertoire. FC

Depuis son premier album My aim is true (1977), Elvis Costello aura louvoyé entre le rock, le blues, le jazz, la country, avec ce point commun précieux entre toutes ses productions : l'art de trouver des paroles percutantes, qu'il balancera avec son délicieux air de ne pas y toucher. Bien éloigné des standards ronflants de la musique dite "consciente", il donne dans la critique politique aussi acerbe que finement amenée, gifle le thatchérisme de son Angleterre natale comme les errements américains des décennies écoulées (plus récemment, il a fait polémique en refusant de jouer en Israël suite à l'affaire de la flottille), met ses propres démons alcoolisés dans des abîmes poétiques, écrit les plus belles ou les plus déprimantes chansons d'amour - selon l'état de sa vie sentimentale. Après le bordel sans nom que furent pour lui les années 80, on le redécouvre la décennie suivante aussi à l'aise en écriture avec Paul McCartney (le magnifique single Veronica) qu'avec Burt Bacharach. Il aura survécu aux changements de groupes, de femmes, aux excès de bibine, aux fallacieuses accusations de racisme, aux tentatives de ringardisation venues de toutes parts pour s'imposer artistiquement comme un parolier monumental et un interprète au talent à fleur de peau. Ce que confirme largement son dernier opus acoustique enregistré à Nashville, Secret, Profane & Sugarcane.Elvis Costello & The Sugarcanes + Diana Krall
Jeudi 8 juillet à 20h30, au Théâtre Antique de Vienne dans le cadre de Jazz à Vienne