Splice
Quand l'auteur de Cube accorde enfin autant d'importance à ses personnages qu'à son concept, cela donne une petite bombe cinématographique au doux parfum transgressif. François Cau

Soit un couple de grosses brutes en génétique, qui fait littéralement un enfant dans le dos de sa hiérarchie en croisant pour la première fois des ADN humain et animal. La croissance incontrôlable de la créature va bouleverser la relation entre les deux scientifiques, partagés entre les poussées d'hystérie tant professionnelles que personnelles. Ce qui est à l'œuvre pendant la longue mais passionnante installation, avant le basculement dans la folie horrifique, c'est ainsi la déconstruction d'un couple confronté à une multitude de tabous, à un mélange sinueux entre les désirs que suscite ce superbe monstre androgyne, interprété par une impressionnante Delphine Chaneac. Avec un culot totalement assumé, Vincenzo Natali déplace les enjeux habituels des déchirements sentimentaux en deux pièces / cuisine sur le terrain du fantastique le plus décomplexé : parfois très gore, toujours porteur d'une symbolique lourdement équivoque sur les perversions les plus dérangeantes de la cellule familiale, pour se faire finalement le chantre d'un féminisme hardcore pour le moins surprenant ! Pour la première fois, le réalisateur réussit totalement le projet amorcé dès son premier long : une fusion entre le cinéma d'auteur et le cinéma de genre, totalement assumée d'un bout à l'autre du film. Splice
De Vincenzo Natali (Fr/Can, 1h47) avec Sarah Polley, Adrien Brody...