Fuites d'orées

Vendredi 2 juillet 2010

Comme tous les étés, le parc du musée Hébert accueille des œuvres d'art contemporain ravissant le regard des bienheureux promeneurs, et rassasiant l'appétit des curieux. Les imposantes sculptures de métal de Jean-Patrice Rozand assument leurs lignes avec une impudeur naturelle, insouciante. Le « métronome » dans le jardin à la française annonce une esthétique tout en volupté, fière de sa stature, mais discrète : leur couleur de rouille confère aux œuvres une parenté avec ce qui les entoure, créant la confusion entre le résultat du travail de l'homme et celui de la nature. Deux d'entre elles se cachent dans le petit bois, deux autres s'ébrouent dans le jardin anglais, comme ressuscitées de la torpeur de l'immuabilité de leur matière par leur nouvel environnement. Les personnifier est ici fort tentant : chacune paraissant animée d'une énergie proprement humaine, chacune empruntant au langage des mouvements pour dessiner en volume un état, un sentiment ou une sensation. Des sculptures répondant d' « une grâce érotique sophistiquée à laquelle elles ne peuvent se réduire mais qui participe à leur charme. » Le texte que le peintre Yvain Bornibus a écrit pour parution dans le catalogue de cette exposition recèle de fulgurances - comme ci avant et ci-après - à la fois justes et poétiques sur le travail du sculpteur : « Elégantes sentinelles, ces lames d'acier fendent l'air en silence avec une détermination de samouraï. Nul doute qu'elles nous protègent de la futilité. » Et nul doute que ceci est purement et simplement le but d'une telle entreprise, et, à une échelle plus conséquente, celui de l'art.
Laetitia GiryOrées
Jusqu'au 18 octobre, au musée Hébert