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Mohammed Ali au parc Bachelard

Perturbé cette année par des problèmes de locaux, CinéZik finit en beauté jeudi 8 juillet avec la projection en plein air de Soul Power, film entêtant sur le festival Zaïre 74.Quentin Pourbaix

James Brown, BB King, Miriam Makeba, TPOK Jazz... À Kinshasa en septembre 1974, ce que la musique noire a de meilleur à offrir se réunit pour trois concerts fiévreux, en lever de rideau du duel titanesque qui doit opposer Mohammed Ali et George Foreman. Si le combat de boxe est entré dans la légende, le festival est resté dans un oubli relatif, malgré une programmation de folie et l'extraordinaire communion de la foule et des artistes. On doit à l'association Cultur'Act de donner au public l'occasion de redécouvrir cet événement unique, en projetant au parc Bachelard Soul Power, petit frère méconnu du déjà très bon When we were kings (voir ci-dessous). «Depuis quatre ans, en partenariat avec le Méliès, on explore le lien entre cinéma et musique - explique Brahim Rajab de Cultur'Art - on sélectionne des films où la musique a une forte présence. Dans le cadre de CinéZik la programmation est éclectique : on a projeté une comédie musicale coréenne, un doc sur le hip-hop, un film de Bollywood, et aussi Anvil (voir critique sur le site, NDLR). Autour du film, on met parfois en place un concert, un DJ...». Cette année, l'indisponibilité de l'espace culturel Bachelard a néanmoins réduit le cycle à sa plus simple expression. « On récupèrera le matos en avril 2011, en attendant on a diffusé les films dans les MJC de secteur et au Méliès». Ce jeudi, c'est en forme d'apothéose que l'association propose Soul Power en plein air au parc Bachelard : «l'an dernier on avait passé le Temps des gitans. Là on voulait diffuser Woodstock... mais ça dure trois heures, c'est difficile. Et puis on a pensé à Soul Power. Zaïre 74 est un événement que les gens ne connaissent pas». Le festival ne perd pas de vue sa vocation culturelle, lui qui, «avec la Fabrique des petites utopies, essaie de développer une offre culturelle sur le secteur 3». «I'm black and I'm proud»
Zaïre 74, «le Woodstock noir», «une mission musicale historique», «un engagement spirituel», s'agissant de promouvoir l'évènement ; ses organisateurs, Don King et Stewart Levine, n'avaient pas peur des mots. Soul Power révèle de l'intérieur ce monde de l'entertainment américain, en même temps qu'il donne à voir l'effervescence qui agite la communauté afro-américaine des 70's. Un de ses représentants a pensé que ce serait bon pour le business de faire se tenir le combat Ali-Foreman en Afrique ? «Bonne idée, mais pourquoi ne pas y adjoindre un festival de musique soul...» a renchérit un autre. Et voilà comment on se retrouve embarqués avec deux douzaines de musiciens à bord d'un avion pour Kinshasa, pour ce qui représente à leurs yeux un retour à la terre de leurs ancêtre : «We're coming back home» (James Brown). Les images, montées de façon très sûre, nous promènent entre mise en place de la scène de concert, décollage depuis New York, déambulations dans Kinshasa, rencontre avec Mohammed Ali... Une première partie dépaysante, qui emmène les spectateurs en d'autres lieux, d'autres temps, d'autres mentalités... et vers une réalité qui subjugue les invités afro-américains, qui ne voient pas la dictature du régime de Mobutu cachée derrière le visage rieur des enfants des rues : « C'est tellement pacifique ici, vraiment les sauvages sont en Amérique» (Mohammed Ali). Le docu tourne alors progressivement au concert filmé lorsque commence le festival, et propose des instants de musique d'une puissance sans nom. Bill Whitters vous prend aux tripes avec son blues caverneux, BB King invente la guitare électrique, Miriam Makeba subjugue l'audience, et «Soul brother number one», le spectaculaire James Brown termine en beauté ce Soul trip par son immortel « I'm black and I'm Proud ! ». Yeah ! Soul Power
Apéro-Mix à 19h
Projection en plein air jeudi 8 juillet à partir de 22h, au Parc des Champs Elysées (Parc Bachelard)