Toy story 3
C'est une habitude dont on ne se lasse pas : Pixar domine cette année encore les débats en matière de divertissement intelligent, avec ce troisième volet des aventures de Woody et Buzz l'éclair qui propose une allégorie enlevée sur le temps qui passe.Christophe Chabert

Pixar nous a habitué au fil des années à ces multiples et passionnants niveaux de lectures ; mais on ne pensait pas que la série des Toy story irait creuser dans des directions aussi surprenantes. L'arrivée dans le récit de l'ours Lotso, grosse peluche rose parfumée à la fraise mais véritable parrain de la garderie, est une des idées fortes du film. Il représente l'aigreur qui s'empare des jouets confrontés à l'enfance perdue de leur propriétaire -un clown au rictus sinistre en offre une autre version. Toy story 3 emprunte avec lui des chemins inquiétants, débouchant sur des ambiances cauchemardesques qui contrastent avec l'enthousiasme coloré des volets précédents. Ces visions effrayantes convergent vers la grande scène de la décharge où les jouets passent à deux doigts de l'étouffement, du démembrement et de la crémation, comme s'ils traversaient les cercles de L'Enfer de Dante. Le film multiplie ainsi les références culturelles, y compris les plus inattendues dans un film pour enfants : Mr Patate doit se transformer en toile de Salvador Dali (à base de tortilla !) pour s'échapper de la garderie ; Barbie se lance dans un grand laïus sur la démocratie contre le totalitarisme ; et, parmi la myriade de nouveaux jouets dans les plans, on croise, ravis, le Totoro de Miyazaki ! Là est l'honneur des productions Pixar : leur profonde estime des spectateurs, leur désir de tirer le divertissement vers le haut par une alliance de magie technique et d'intelligence absolue.Toy story 3
De Lee Unkrich (ÉU, 1h45) animation