365 jours à Clichy Montfermeil
Le documentaire de Ladj Ly, du collectif Kourtrajmé, apporte un regard sciemment bordélique mais salutaire sur les émeutes françaises de 2005. FC

Dans une séquence-clé de son film, Ladj Ly balaie toute ambiguïté en suivant un médiateur des Bosquets en pleine tentative d'apaisement, et surtout en refusant de filmer les jeunes en train de jeter des caillasses de leurs fenêtres, malgré leurs demandes répétées. Le réalisateur se concentre certes sur les forces positives de son quartier, mais ne tourne pas le dos à la confrontation avec les émeutiers en action, ne voile rien de leur émulation destructrice, guidée par une colère pas vraiment raisonnée. Et quand viennent les moments de "dialogue" avec les politiques, le cynisme on ne peut plus insultant qui se dégage de ces échanges, l'absence de réponse aux questions du réalisateur sur des sujets essentiels comme l'absence de vie de quartier et le désoeuvrement des plus jeunes, sonnent comme autant d'aveux d'impuissance et surtout d'irresponsabilité. Même lorsqu'on craint un détour populiste avec une scène montrant l'initiative pro-vote de Jamel et Joey Starr, la fin cinglante de cette parenthèse enfonce le clou. 365 jours à Clichy Montfermeil est une œuvre chaotique, passionnée, lucide, violente, en quête de sens dans un bordel intimidant ; soit un film en accord total avec son sujet. 365 jours à Clichy Montfermeil
De Ladj Ly (Fr, 0h25) documentaire
Jeudi 16 septembre à 20h30, à la Bifurk