Suicide artistique

Lundi 27 septembre 2010

Photo : Caroline Coste

One-man-show / Oui, Warren Zavatta a bien un lien de parenté avec le fameux Achille - contrairement à bon nombre d'usurpateurs circassiens parcourant toujours les planches sous ce nom. On le voit d'ailleurs commencer le spectacle en habits de clown, demander d'un air hilare s'il y a des enfants dans la salle. Premier point d'achoppement : quand on lui répond positivement avec force cris enthousiastes, il assène un cinglant «Qu'ils se cassent», ce qui est aussi drôle que kamikaze. Warren est là pour livrer un spectacle autobiographique sans concessions, où il délivre ses impressions pour le moins mitigées sur le milieu qui l'a vu naître et sur la figure iconisée de son grand-paternel, dont les médias ont préféré la légende professionnelle à la glauque réalité familiale. D'apparence peu aimable, aigri par un parcours chaotique, Warren Zavatta parvient cependant à métamorphoser ses rancoeurs en pure énergie scénique au comique inattendu, y compris lorsqu'il se livre à ce qu'on est supposé attendre de lui : ses numéros circassiens sont en permanence commentés par ses soins avec distance, mais sans tomber non plus dans le lynchage moqueur. Sur la corde raide, à deux doigts de tomber dans le règlement de compte cathartique, Warren Zavatta fait montre d'une causticité imprégné de son vécu torturé, et donc emplie d'une sensibilité affleurant toujours derrière une façade voulue impénétrable. Il a accompli son rêve de gosse, devenir comédien. Et un bon, qui plus est. Warren Zavatta
Samedi 2 octobre à 20h30, au Théâtre en Rond (Sassenage).
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