Bonjour tristesse
Moins tempétueux qu'à leurs débuts, les Tindersticks livrent désormais des albums plus apaisés. Mais toujours empreints d'une mélancolie qui reste leur marque de fabrique. Stéphane Duchêne

C'est qu'en 1997, avec l'album "Curtains", tout en velours sombre et en dépression maltée, les Tindersticks étaient en quelque sorte arrivés au bout de la route, au bout de leur style. Et comme le style c'est l'homme, au bout d'eux-mêmes. Rideau, donc, comme pour refermer un chapitre de l'existence du groupe. Pas un hasard si deux ans plus tard, Stuart Staples chantait en ouverture du bien nommé "Simple Pleasure" : «Can we start again ?». Pour le groupe, était venu le temps de la remise en question à quitte ou double, sur un album débarrassé des pesanteurs passées, quasiment moitié plus court que les précédents, qui, sans être le meilleur, leur a ouvert une nouvelle voie, vers plus de simplicité, plus de légèreté dans la mise à nue des émotions. Un changement qui aura permis à l'un des groupes les plus émouvants de ces vingt dernières années, de ne pas disparaître. Et peut-être aussi de redescendre de temps à autres, comme une récréation, dans les abîmes : on songe à la splendide BO du film de vampires de Claire Denis, "Trouble Every Day" (pour eux, une devise) et à son morceau titre à faire frissonner un croque-mort. Pour autant, quand, en concert, retentissent les premières notes, les premiers étirements de larmes des violons, de quelque morceau de "Curtains" ou de leurs deux premiers albums, quand les Tindersticks ne détestaient pas se livrer aux «joies» tordues de l'atonalité, le charme triste opère toujours. Tindersticks
À l'Epicerie Moderne, vendredi 5 novembre.