Tous les sons contraires
Musique / En réalisant que ce couple plus sexy que She & Him et The Kills réunis était ENCORE un groupe de Brooklyn, on s'apprêtait à bâiller et à considérer la nouvelle signature de Warp comme la caution US branchouille qui manquait à son catalogue, une énième émergence pop choisie pour faire glamour et joli. Et puis on nous a parlé des prestations live ébouriffantes de The Hundred In The Hands : à la Route du Rock cet été, les avis convergeaient pour dire que ce duo de «goths ensoleillés» avait illuminé un après-midi pluvieux à Saint-Malo, alors on a ressorti leur dossier. Un premier album qui porte le nom du groupe, un titre lui-même emprunté au nom d'une bataille qui a opposé le chef indien Crazy Horse aux colons américains. Il est donc question de guerre derrière leurs rythmes martelés en mode binaire, question de lutte non pas au sens militaire, plutôt dans le challenge qui consiste à concilier les contraires. Toute la force de The Hundred In The Hands tient dans ce mix contradictoire, entre pop à sons chauds et disco à sang froid. Chez eux, le punk peut être calme, la violence hédoniste et le goth' festif : c'est le pari de Jason Friedman (ex The Boggs) et de la vamp Eleanore que de sonoriser les oxymores. Derrière la voix soyeuse de la chanteuse, la rencontre de Blondie et de Siouxsie ; derrière les lignes de basse très Moroder, des histoires de gens qui jouissent en attendant la mort. Et si «Pigeons», un hymne à la gloire des week-ends, invite les cœurs brisés à se trémousser («Saturday comes, sunday comes, we go...»), en attendant mardi soir, c'est nous qui irons les voir sur scène... Histoire de s'assurer que THITH n'est pas qu'un énième buzz à la petite semaine.
Stéphanie Lopez
THE HUNDRED IN THE HANDSÀ La Marquise, mardi 9 novembre.