Draquila – L'Italie qui tremble
Avec ce film-enquête gorgé jusqu'au vertige de révélations scandaleuses, Sabina Guzzanti quitte ses habits de clown pour ausculter les dérives du gouvernement Berlusconi. François Cau

Tout en suivant la chronologie du calvaire des rescapés de l'Aquila, regroupés dans des camps où on les prive de leurs droits élémentaires, Sabina Guzzanti dresse le portrait peu reluisant de la classe dirigeante italienne et de sa prostitution de la Protection Civile, instance à laquelle, par les miracles des changements législatifs, on a octroyé des pouvoirs démesurés. Un montage sagace, entrecoupé de saynètes animées dont le caractère ouvertement caricatural n'est rien par rapport à la vulgarité politique évoquée, achève d'enfoncer le clou. D'un point de vue cinématographique, cette succession de révélations édifiantes agit comme une tornade émotionnelle testant en permanence la capacité de révolte du spectateur. D'un point de vue documentaire, si certains raccourcis auraient gagné à être approfondis, le film agit comme un uppercut à la portée citoyenne essentielle, dont bon nombre de journalistes officiels devraient s'inspirer. D'un point de vue politique, enfin, Draquila est une démonstration terrifiante des dérives autoritaires d'un capitalisme carnassier, dont l'hypocrisie aura rarement apparu plus flagrante. A cet égard, on vous laisse le soin de découvrir l'incroyable réplique finale, résumant parfaitement la situation politique en Italie comme en France. Draquila - L'Italie qui tremble
De Sabina Guzzanti (Ita, 1h30) documentaire