Inside job
Si l'on peut dire que certains films sont "nécessaires", le documentaire de Charles Ferguson sur les origines, le déroulement et les conséquences de la crise financière de 2008 est carrément indispensable. FC

Patiemment, méthodiquement, Inside Job aligne les faits tous plus aberrants les uns que les autres, certains connus de tous, d'autres plus ou moins habilement dissimulés, ou pas si fantasmés qu'on l'espérait. Charles Ferguson sait qu'il n'a nullement besoin d'artifices cinématographiques. Son film est la retranscription admirablement synthétique d'une enquête complexe, qui ne dessine ni plus ni moins que la cartographie politico-financière de toute la planète. Même lorsqu'il se livre à un aparté pour décrire les mœurs (l'avidité matérialiste, le sinistrement classique cocktail "putes et coke") des inconscients décidant du sort de millions de personnes, les témoignages implacables illustrant ces exemples enfoncent le clou de ces errements, drapés derrière «l'idéologie de la dérégulation», destructeurs à une échelle collective inégalée. Inside Job n'est ni un brulot, ni un pamphlet. S'il suscite la colère, c'est surtout parce qu'il montre les responsables du plus grand chaos socio-économique de l'Histoire pour ce qu'ils sont : des minables, bredouillant des réponses rhétoriques ineptes quand on les met face à leurs responsabilités, et que personne n'a réellement osé remettre à leur place. Terrifiant. Inside job
De Charles Ferguson (EU, 2h) documentaire.