Alpes chinoises
En exposant les aquarelles du peintre chinois He Yifu, le musée de l'Ancien Evêché ouvre ses portes à une représentation du patrimoine toute novatrice et riche d'une finesse orientale partagée avec bonheur : c'est tout à son honneur. Laetitia Giry

Peindre les Alpes à la mode du « shanshui » (terme qui signifie « montagne et eau » : éléments principaux et essentiels de la peinture chinoise), induit un décalage dans la reproduction de l'objet représenté. Si l'artiste travaille après observation minutieuse, prise de photographies servant de mémo, il insuffle ensuite au paysage un onirisme brumeux, héritier direct de son ressenti. Nuages et fumées, aplats de couleurs vives - essentiellement dans les gammes des bleus et verts - assument le rôle de transmetteur d'émotions, les détails peu esthétiques propres aux roches sont gommés à la faveur d'une légèreté plus douce et apaisée. Les paysages se succèdent, oubliant le réalisme et préférant la délicatesse d'un détail stylisé à l'encre de Chine : à l'image de celui des oiseaux au-dessus du lac d'Annecy. Sur chaque toile, et comme le veut la coutume, une calligraphie précise en mots le ressenti de son auteur. Celle du visuel ci-contre indique : « Insolite, beau et hallucinant, Moustiers-Sainte-Marie est aussi un lieu angoissant, plongé dans un mystère insondable ». On ne peut donc que vous conseiller d'aller vous immerger dans cette œuvre qui - n'ayons pas peur des mots - n'est autre que sublime.He Yifu, le voyage d'un peintre chinois dans les Alpes
Jusqu'au 28 février 2011 au Musée de l'Ancien Evêché.