Les chemins de la liberté
On attendait beaucoup du retour de Peter Weir. Hélas, l'Australien s'est un peu égaré sur ces Chemins de la liberté. Jérôme Dittmar

Le cinéma de Weir s'est bâti sur la cohabitation entre un esprit sauvage australien, et le raffinement moral hérité de ses racines britanniques. Son œuvre est à la fois voyageuse, passionnée par l'idée d'un monde vivant illimité, et rectiligne dans sa conduite antiautoritaire dont il faut transmettre les lumières. Les Chemins de la liberté tente de reprendre ses bases sous la forme d'un road movie pédestre, à travers un double nœud : la nature, son climat, ses dangers, et le groupe, comme ensemble de rapports solidaires ou conflictuels luttant contre sa déshumanisation. Seulement Weir s'épuise en chemin. A force de placer ses personnages dans un panel de situations de survie (froid, chaleur, soif, faim etc.), disséminées selon des logiques de durées aléatoires pas toujours justifiées, le film piétine. Il se répète, renchérissant sur des actions et idées similaires, jusque dans les tensions vécues par le groupe. On pourrait y voir un principe d'inflexions, mais Weir n'est pas assez radical dans son traitement pour sublimer les épreuves de ses héros luttant contre les éléments. Plus ennuyeux, il échoue à donner un sens solide à ce périple. Trop focalisés sur l'instant, les enjeux (liberté, espace, communication, asservissement d'un système politique) se diluent pour finir, in extremis, par se recentrer dans un final grossièrement didactique et elliptique. Le bel humaniste cultivé épris d'un monde inachevé devient alors un peu lourd. Dommage.Les Chemins de la liberté
De Peter Weir (USA, 2h13) avec Jim Sturgess, Colin Farrell...