La Bella Gente
Transposition toujours judicieuse d'un script retors, à la mécanique dramatique impitoyable, le film d'Ivano de Matteo renoue avec la cruauté de la comédie italienne des années 60-70. François Cau

La Bella Gente, c'est en effet un petit théâtre de la bassesse et de la mesquinerie, d'autant plus cruel qu'il repose en premier lieu sur des intentions nobles, réminiscences du passé militant des protagonistes. Mais petit à petit, finement, les hypocrisies craquellent toutes les relations, et offrent l'implacable portrait en négatif de ce qu'annonçaient les rassurantes prémices. S'il faut bien évidemment rendre grâce au scénario implacable de Valentina Ferlan, petit bijou d'écriture acérée qui ira gratter la surface des mœurs a priori irréprochables de ses personnages principaux jusqu'à les faire saigner, il ne faut pas pour autant oublier le travail tout aussi méritoire du metteur en scène. Déjà , parce qu'il a su imposer, contre l'avis de ses financeurs qui voulaient de la star, un casting impeccable pour camper ces personnages à l'évolution psychologique complexe - quitte à voir son budget et son temps de tournage drastiquement réduits. Et on ne peut que saluer sa réalisation, au service du récit sans être effacée. Avec une saisissante subtilité, il parvient à enchaîner les discrets virages narratifs du film pour finir sur un ultime acte étouffant, dont on se gardera bien de révéler la teneur, mais dont on peut dire qu'avec une économie mesurée de ses effets, il frappe juste et violemment. La Bella Gente
D'Ivano de Matteo (Ita, 1h38) avec Monica Guerritore, Antonio Catania...