Dessine-moi un mouton

Vendredi 25 mars 2011

« J'ai trouvé dans la pratique du dessin quelque chose d'irréductible. [...] Mes dessins sont leur propre finalité, ils ne sont ni la préparation, ni l'étude, ni l'illustration d'autre chose. » On ne saurait mieux dire. Car Sylvain Sorgato résume bien là l'essentiel de son travail : avoir foi en son coup de crayon rapide, le considérer comme un aboutissement, comme un soi à part entière qu'il convient de déposer ici ou là. Des dessins qui n'illustrent rien d'autre qu'eux-mêmes, aidés par un bout de phrase en anglais. L'exposition « This ain't no joke » ne porte ainsi pas mal son nom, elle anticipe en répondant à une question qui peut se poser pendant la visite : quel est l'intérêt de peindre sur les murs ces dessins qui semblent parfaitement adaptés à un format d'édition ? Cette « peinture murale » est-elle une sorte de blague de la part de l'artiste ? Non, ce n'est pas une blague, mais l'affirmation d'une suprématie, la preuve qu'un même message peut être délivré dans des formats divers sans transformer son sens premier, son évidence, mais les moduler tout au plus. Le propos se déploie dans la multiplication des pensées disséminées sur les murs : un bonhomme qui fume est associé à la sentence « where time goes » - oui, le temps passe -, une chèvre à l'air benêt complète le « make goats history », quand un autre personnage semblant s'ennuyer ferme illustre un lapidaire et tellement vrai « the secret wish for a tragedy ». Une réflexion donc honorable sur la narration dans son rapport au visuel et à sa propre forme de diffusion. LGThis ain't no joke - Sylvain Sorgato
Jusqu'au 30 avril au Vog