La croyance sur le billard
THÉÂTRE / «- Que gagnez-vous à ne pas croire ? - Rien du tout Madame. Est-ce que l'on croit parce qu'il y a quelque chose à gagner ?» (Diderot). Non sans cacher une certaine part d'amusement, la metteuse en scène Marie Brillant (de la jeune compagnie grenobloise Allerlei) a décidé de s'intéresser à la religion et aux dogmes en juxtaposant différents textes d'Octave Mirbeau, Diderot, du Baron d'Holbach et de l'historien Paul Veyne ; le tout dans un décor savamment étudié, avec d'un côté le paradis, de l'autre enfer. «J'ai voulu mettre un peu d'humour et d'ironie là -dedans, parce que l'on en manque souvent sur ce thème», explique-t-elle en entretien. Le rendu présente tous les différents aspects de la religion (croyance, culpabilité, prosélytisme, rationalisme...), souvent avec intelligence. Les saynètes se suivent sans se ressembler, certaines étant extrêmement réussies : on pense à celle du téléachat sur le presse-agrumes symbolisant le rapport entre l'âme - le jus d'orange - et le corps - les pépins, la peau...-, ou celle du repas avec le pauvre. On se laisse alors embarquer à corps perdu dans cette folle épopée religieuse qui, bien qu'elle ausculte le fait religieux sous toutes ses coutures, ne se permet pas de porter de jugement péremptoire - Marie Brillant se défend d'avoir voulu faire un spectacle militant. Comme quoi, on peut être tout à fait percutant en restant dans la légèreté.Aurélien Martinez
AU NOM DE...
Au Théâtre des Clochards célestes,
Du vendredi 20 mai au samedi 4 juin